Court métrage.
Réalisé en 2012 par Denis Gabriel Galland
Tourné en RAW 4K HD avec la Red MX
Et voilà ma première expérience d’un vrai Workflow cinéma, avec la caméra Red MX et le RAW 4K HD
En effet voilà que début février de l’année 2012 je me vois proposé de participé à la création du court métrage La Bague, une vrai chance de pouvoir étudier toutes les possibilités offerte par ce format professionnel qu’est le RAW 4K HD utilisé par les plus grands (David Fincher, Lars von Trier, Peter Jackson, Ridley Scott…).
Synopsis :
Michel et Léa sortent ensemble depuis un mois. Lors d’un repas au restaurant Michel lui offre une bague. Léa hésite, le cadeau lui semble inapproprié mais Michel insiste « C’est juste un petit cadeau »
Mon travail :
Durant les mois de Mars Avril et Mai 2012 j’ai eu la belle opportunité de m’occuper de toute la post-production du court-métrage: “La Bague” produit par Schrödinger film et réalisé par Denis Gabriel Galland. Belle opportunité car déjà je trouvais sur le projet une équipe motivée et compétente, soucieuse de ce qui ce passe en post-production et composée de quelques membres avec lesquels j’avais déjà eu plaisir à travailler et d’autre que j’ai pris plaisir à rencontrer. Mais belle opportunité aussi car ce film fut tourné en RAW 4k HD avec la Red MX…
L’article qui va suivre a pour but de décrire le workflow complet, depuis la récupération des fichiers .R3D de la camera (Red MX), leurs archivage, transcodage et organisation jusqu’aux décisions de montage prise avec Denis Gabriel, le réalisateur et finalement leurs conformations.
Vous allez pouvoir suivre la chaine complète de post-production du film depuis les fichiers RAW et les décisions d’archivage, en passant par les hésitations et choix de montage offline sur AVID Media Composer 6, puis au re-link du montage final avec les fichiers .R3D RAW 4k HD d’origine pour l’étalonnage et la conformation sur Avid DS. Tout cela pour que finalement le film arrive jusqu’à vos écrans de cinéma et chez vous sur DVD ou Blu-Ray.
C’est donc dans cette belle et grande aventure que j’ai pu me lancer grâce à Pierre-Emmanuel Franiatte (Chef Opérateur sur le projet). En effet début Février, Pierre me contact pour m’inviter à travailler sur le film et préciser ensemble la gestion du Workflow. Une ébauche de celui-ci déjà mis en place avec l’équipe de production prévoyait la récupération et l’archivage des rushs R3D RAW 4K HD sur deux disques durs : Lacie D2 Quadra firewire 400/800 USB3 et surtout leur transfert via un logiciel de transfert de données sécurisés Shot Put Pro. Afin d’être certain de copier bits pour bits les précieuses données contenues sur les Carte CF 16GB de la caméra.
Mon travail a alors consisté à proposer un workflow de montage adapté évidemment à la résolution 4k HD et au format RAW mais aussi et surtout adapté aux moyens matériels dont je dispose. Je suis équipé d’une station PC ce qui mettait tout de suite de côté la suite FinalCutPro-Color. Ce sont alors offertes 2 possibilités : Adobe Première CS6 (montage online) et Avid Media Composer 6 (montage offline).
Cependant étant données la résolution des fichiers d’origine et même si ma station dispose de ressources plutôt haut de gamme (processeur AMD phénom II X6 1090T 3,2 Ghtz et 8Go RAM) le montage online ne serait à mon avis pas très confortable (perte d’images, temps de rendu, etc…). C’est pourquoi j’ai choisi la solution Media Composer qui avec son codec propriétaire DNxHD offre une très bonne fluidité de montage.
Une fois la décision de la plateforme de montage prise il ne me restait plus qu’à en intégrer les différentes étapes. La première consistant à trouver un moyen sûr de transcoder les .R3D RAW 4K HD dans le codec DNxHD tout en conservant les métas-data contenue dans le rush d’origine une fois l’import sous MC 6 effectué.
Ici encore deux solutions ce sont offerte, soit utilisé Metafuz logiciel fournis gratuitement par Avid ou alors RedCineX logiciel fournis lui aussi gratuitement par Red. Afin d’offrir à Denis Gabriel un aperçu du rendu étalonné de l’image c’est pour RedcineX que j’ai opté. En effet le logiciel permet non seulement, grâce à une interface simple l’interprétation du RAW et l’accès à tous les réglages du capteur de la caméra en en donnant un aperçu en temps réel, ce que ne permet pas Metafuz.
Nous nous sommes alors concerté avec Pierre-Emmanuel, le temps d’une après-midi, pour donner au film un premier look. Ce look Basé à la fois sur les intentions d’éclairage de Pierre-Emmanuel et les intentions de réalisation de Denis Gabriel. Nous avons alors cherché à donner au film une ambiance faussement intime, chaude…
A travers toutes les possibilités du RAW et après plusieurs tests nous nous sommes mis d’accord sur le look à adopter pour la génération des proxies DNxHD et les directions que nous allions présenter à Dennis deux jours plus tard lors du Dérushage.
Le DNxHD 36 1920*1080 fût le codec que j’ai choisis pour le montage, à la fois confortable et de résolution suffisante pour garder un rendu appréciable à l’image. Après une nuit de boulot RedcineX me sortait tous mes rushs convertis en DNxHD, encapsulé en MXF et accompagnés d’un fichier .ALE.
Ce fichier .ALE une fois importé dans le chutier d’un projet MC 6 créer une liste de tous les clips transcodé par redcineX avec leur nom d’origine et qui comporte dans leur métadatas tous les réglages effectués sur le RAW. Il ne reste alors plus qu’à placer les MXF générés dans le dossier « Avid MediaFiles » de Media Composer et de relier les clips. Le montage offline peut alors commencer, enfin après une longue phase de synchronisation des rushs avec les rushs son…. (4h pour 1h45 de rushs et 188 clips). Travail fastidieux mais nécessaire qui permet de prendre connaissance du matériel tourné et de s’en imprégner pour plonger dans l’ambiance du film.
La phase de synchronisation terminée, j’ai pu compléter ce premier travail de dérushage en reportant le numéro de chaque plan et de chaque prise dans deux nouvelles colonnes de données me fiant au rapport de script remis avec les rushs et en y indiquant également quelques commentaires issus du même rapport. Ce travail facilite énormément le montage, en effet il est plus facile de repérer le « plan 1 prise 4 » que de retrouver le « clip A001_C001_030344_001 » d’autant plus qu’Avid permet ensuite d’ordonner son chutier suivant les indications de chaque colonne de données. Ce même travail fut également réalisé sur les rushs son que j’ai en plus renommé du nom du clip correspondant en y ajoutant le numéro de piste (jusqu’à 3 pistes par rush).
Mon dérushage enfin finis celui-ci s’est poursuivis lors de notre première séance avec Denis Gabriel, le réalisateur et Loïc Mabily, cadreur et co-scènariste. Ensemble nous avons choisis les meilleurs prises de chaque plan, nous basant chacun sur nos domaines de prédilection et de compétences: Denis Gabriel sur le jeu des comédiens et les intentions, Loïc sur l’image et les mouvements caméras et moi sur les possibilités de raccords, la dynamique et la cohérence de l’ensemble.
Le montage à proprement parlé a duré environs deux semaines, à raison d’à peu près deux séances par semaines avec Denis Gabriel. Pour arriver à la version finale de 9 min 07 seconde avec plus de 4h de rush.
J’ai comme à mon habitude travaillé le film par séquences pour d’abord proposer à Denis Gabriel une première version à peu près conforme à son découpage technique et avec les plans que nous avions choisis au dérushage. Au visionnage de celle-ci, nous en avons souligné ensembles les principaux défauts : une perte de rythme sur les travellings (assez long et lent), et une incohérence dans la scène où le serveur rejoint Michel qui s’est retrouvé seul à table (Aucun des plans précédents ne montrait la présence de sang sur la table puisqu’à l’origine l’arrivée du serveur était prévu dès le départ de Léa).
Afin de redonner du rythme nous avons choisis de jouer avec des noir en fondu et en cut ainsi que de découper les travellings, en taillant parfois un peu dans les dialogues, par exemple lorsque Michel offre la bague. Cela nous permettait non seulement de rester dans la dynamique du film mais aussi d’accentuer les effets sur le spectateur (surprise, douleur etc…).
Pour corriger l’incohérence nous avons donc repris ensemble l’ordre des plans à l’intérieur de cette séquence. Nous décidions alors qu’après le départ de Léa, Michel se sentant proche de la réussite de son plan se laisserait aller à jouer avec le sang sur son verre et serait alors surpris en flag par le regard d’une des clientes du restaurant avant que le serveur arrive.
Pour que les séquences fonctionnent bien et s’harmonisent ensemble il m’a souvent fallu aller chercher des passages de plans prévu dans d’autres séquences et parfois même en dehors des scènes clapées.
C’est après une troisième version du montage que nous sommes arrivés à une version presque définitive. C’est à ce moment que Denis Gabriel a choisi de présenter le film à Lesli chargé de composer la musique qui est reparti avec un export Quicktime (H264 1920*1080) du montage pour commencer à créer son ambiance musicale. Après avoir mis en place la version définitive avec les sons seuls prévus en plus (bruits de pas, ambiance de restaurant, bruit de fourchette etc…) le film fut présenté à Marco pascal, Ingénieur du son qui prendra en charge le mixage et qui lui repart avec la version définitive (export DV) et un export .aaf avec les fichiers son source pour commencer à travailler.
De mon côté en préparation du travail de finishing (étalonnage, effets et conformation 2K DPX) j’ai exporté un EDL qui grâce au script (file_16) fournis par Avid est entièrement compatible avec RedCineX. Celui-ci me permettait de retrouver le montage effectué sur Media Composer dans la Timeline d’un projet RedcineX en vue réaliser l’étalonnage. En plus de cet EDL j’ai également généré depuis Media Composer un fichier AFE qui me permet d’envoyer le montage dans Avid DS ( Timeline exactement identique à celle de composer effet compris).
J’ai choisi d’étalonner (look du film, correspondance entre les plans) d’abord sur RedCineX afin de travailler un maximum sur l’interprétation du RAW plutôt que de modifier les rushs par une correction colorimétrique sous Avid DS, cela m’a semblé le meilleur moyen de garder un maximum de qualité. Même si RedcineX n’est pas super confortable pour l’étalonnage (un seul visualiseur, pas d’effet…) cela suffisait pour ce que nous avions à faire.
L’étalonnage a commencé le 1er Mai et a duré 3 jours. Au matin du premier jour nous nous retrouvions, Pierre Emmanuel Denis Gabriel et moi pour décider du look définitif du film. Nous gardions cette idée d’une ambiance chaude et intime mais Il fut également prévu de faire subtilement évoluer cette colorimétrie vers une ambiance plus froide et plus dur.
Le deuxième jour nous avons travaillé avec Pierre-Emanuel sur le lissage du look au cours du film, rattrapé quelques écarts colorimétrique entre les plans et mis en place l’évolution de l’étalonnage au cours du film. Enfin le dernier jour a été consacré à la vérification finale du rendu sur l’export d’Avid DS.
Voici l’image « native » de la caméra puis quelques un des looks par lequel nous somme passé :
Puis voilà le look final et l’issue de son évolution à la fin du film :
Une fois l’étalonnage effectué, j’ai donc importé sous DS ma timeline exporté en AFE depuis média composeur. Je relie ensuite cette timeline aux fichiers RAW 4K HD .R3D étalonnés sous RedCineX (les réglages de RedcineX sont sauvegardé dans des fichiers .RMD qui sont associés à chacun des clips et s’importe automatiquement lors du relink sous DS). Pour obtenir une image exactement identique à celle étalonnée sur RedcineX à l’issue de l’export d’Avid DS il nous a fallu tout de même appliquer une légère correction sur le contraste et le niveau des noirs que nous avons réglée en effectuant plusieurs tests successifs.
Le setup sur DS terminé, j’ai récupéré le travail de Marco sur le Mix et ai donc remplacé les différentes pistes audio accompagnant les rushs originels par la piste stéréo du Mix de Marco. Le film a ensuite été exporté en version Quicktime (DNxHD 1920*1080) pour une petite diffusion dans des cercles privé. A l’issue des premiers retours sur le film, Denis Gabriel a souhaité appliquer certaines corrections, notamment :
Reprendre l’étalonnage et notamment les contrastes jugés pas assez marqués.
De retour sur le projet du premier étalonnage sur RedCineX, après différents tests et essais nous somme arriver (Denis Gabriel, Loïc et moi) au look définitif du film. Afin d’appliquer ce nouveau look sur ma Timeline DS, il m’a suffi de relier à nouveau les fichiers Raw 4K HD .R3D ce qui a mis à jour la modification des fichiers .RMD contenant les réglages d’étalonnage.
Réduire la profondeur de champ à l’intérieur du restaurant.
Cette Correction à impliqué un sérieux travail de ma part car il m’a fallu découper le premier plan de l’arrière-plan à l’aide d’un masque qu’il a fallu ensuite animer suivant les mouvements des personnages avant de placer un léger flou optique sur l’arrière-plan. Et Cela sur presque la totalité des plans du film (effet effectué sur DS qui travail en nodal).
Ces dernières modifications effectuées, j’ai mis en place le Titrage et le générique du film en suivant les indications de Denis Gabriel et Loïc. Ceux-ci ont été réalisés sur le logiciel AfterEffects puis exporté depuis celui-ci en DNxHD 4K HD. Je les ai ensuite importé dans mon projet DS et mis en place sur la timeline du film accompagné de leur piste son respectives.
Pour la première projection organisée sur écran de cinéma à l’institut Lumière de Lyon, j’ai réalisé un export Mpeg4 1920*1080 sur Blu-Ray. A l’issus de cette projection, se sont révélés de nouveaux défauts, en effet sur certains plans, le visage de l’actrice était trop sombre et son teint tirait un peu sur le vert. Afin de corriger ce défaut j’ai corrigé l’exposition et appliqué une correction colorimétrique à l’intérieur d’un masque centré sur son visage et appliqué ensuite un suivi de mouvement à celui-ci, afin de lui redonner un teint plus harmonieux.
Voilà l’architecture du film était complètement terminée et prête pour l’export final ! Heu… En fait les exports finals… En effet, pas moins de 4 exports différents : Un Mpeg2 720*576 pour les DVD, Un Mpeg4 1920*1080 pour les Blu-Ray, un H264 1920*1080 pour les échanges internet et un export en séquence TIFF 2K qui allait me servir à générer le DCP destiné aux cinémas équipés numérique. Mais cela est une autre histoire…
J’espère que cet article vous a plu et qu’il permettra à la fois de rassurer les monteurs face à la grande aventure du RAW 4K HD et également de faire découvrir aux spectateurs ce qui se passe en coulisse derrière le tournage.
Merci de m’avoir lu, et si vous souhaitez avoir plus d’informations sur l’aventure ou sur le workflow, n’hésitez pas à me contacter via le formulaire du site, je vous invite également à visiter le site de Schrödinger film à cette adresse : SchrödingerFilms.com